Bientôt un musée Dreyfus dans la maison de Zola

L’étrange manoir gothique d’Emile Zola à Médan, près de Poissy, devrait réouvrir dans deux ans. Après avoir fait peau neuve, il devrait accueillir le musée Dreyfus.

 



Curieuse bâtisse que cette maison de Médan ! L’architecte Zola n’avait décidément pas le talent de l’écrivain et du journaliste. L’agrandissement qu’il avait lui-même orchestré, après avoir acquis en 1878 une modeste maison de campagne, s’est égaré dans un style néo-gothique à tout le moins surprenant : les deux grosses tours, baptisées Germinal et Nana, encadrent l’ancienne bâtisse, donnant au bâtiment des allures de manoir improvisé.

 

Son précieux refuge

Le lieu n’en a pas moins son importance. Acquis grâce au succès des Rougon-Macquart, il fut pendant plus de 20 ans la résidence principale de Zola. Il y créa chaque matin, une part importante de son oeuvre. Il y rencontra, l’un des grands amours de sa vie, Jeanne, la lingère de Médan, avec laquelle il eut deux enfants et mena une double vie. Enfin, il y reçut ses nombreux amis peintres et écrivains. La maison de Médan devint ainsi l’épicentre du mouvement naturaliste, au point de donner son nom à un collectif d’écrivains et à un ensemble de nouvelles. 


Une vie de littérature

Pas un jour sans une ligne. C’est la phrase (en latin) que Zola affiche dans sa maison de campagne de Médan (Yvelines). Toute sa vie fut une vie d’écriture. Elle commence dès son enfance à Aix-en-Provence où il produit vers et prose. En 1858, après la mort de son père, lorsqu’il rejoint Paris, à 18 ans, c’est à la lecture et à l’écriture qu’il s’adonne, quitte à être un cancre au lycée Saint-Louis. Recalé au baccalauréat, il s’embauche à la Librairie Hachette, tout en tissant des liens artistiques autour de ses amis d’Aix : Paul Cézanne lui permet de côtoyer les impressionnistes, Manet notamment. 

 

Des romans populaires

Tandis qu’il s’initie chez Hachette à la production et la promotion des livres, il publie « Les contes à Ninon » (1864) et ses premiers articles. Dès lors, il s’assure un début de notoriété comme critique littéraire. La presse assurera aussi la promotion de ses livres : tous ses romans ont été publiés en feuilletons. C’est cette œuvre romanesque, constituée pour l’essentiel des vingt tomes des Rougon-Macquart, qui le rendra populaire : écrite de 1871 à 1893, la vaste fresque familiale retrace les mutations du Second Empire et témoigne de la condition ouvrière (Germinal, L’Assommoir…). 

 

Un écrivain engagé

Tout à son œuvre, Zola se laissa peu distraire par les mondanités et la politique. Il tissa cependant des liens avec Mallarmé, Flaubert, Daudet ou les Goncourt. Et prit la défense du capitaine Dreyfus, notamment dans l’Aurore (« J’accuse), au prix d’un procès qui l’amènera à s’exiler plusieurs mois à Londres. Un engagement fort, mais une parenthèse dans une vie d’écriture.

 

 

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