L'Ancienne Comédie ? Carrément zapée !

Si vous ne savez pas ce qu'est l'Ancienne Comédie, ne comptez pas sur la Mairie de Paris pour vous informer. L'ancêtre de la Comédie Française a droit à une plaque incompréhensible et quasiment invisible.

Honte à la ville de Paris ! Près de la place de l’Odéon, en face du café Le Procope, au deuxième étage d’un immeuble assez banal, une plaque blanche, à peine lisible, délivre un message parfaitement incompréhensible : « Hôtel des comédiens ordinaires du roi : 1689-1770 ». Est-ce ainsi que l’on rend hommage à l’une des plus vieilles institutions théâtrales de France ? Ici, pendant près d’un siècle, la troupe de la Comédie Française a créé et joué le plus illustre des répertoires. Mais oui, c’est évident ! Nous sommes rue de l’Ancienne Comédie…. Encore une de ces bonnes vieilles réalités parisiennes qui s’envasent dans la plus parfaite indifférence. Et qui finit par tourner à l’énigme. 

La Comédie française ? On la croyait de toute éternité logée dans son magnifique édifice du Palais-Royal. Et voilà qu’un message abscons nous laisse entrevoir qu’elle serait née, ici, sur la rive gauche. Abscons, mais exact !  au 17ème siècle, de jeu de paume en jeu de paume (le plus populaire des sports parisiens), le long d’un fossé mal odorant et à proximité de la plus anciennes des enceintes, les Molière, les Béjart et leurs descendants ont donné naissance au plus illustre des théâtres. Mieux, leur querelle avec un certain Lully, a enfanté, le long du même fossé, l’ancêtre de l’opéra. Une plaque tout aussi énigmatique que la première, nous le rappelle, à l’angle de la rue Guénégaud. Décidément la ville a bien du mal à célébrer le théâtre. 

 Lamentable ! Molière, un de nos plus évidents ambassadeurs auprès des touristes étrangers, est traité par sa ville avec la plus parfaite désinvolture : on lui a même inventé, rue du Pont-Neuf, une maison natale qui n’est pas la sienne. Celle où il a vraiment vu le jour est signalé par le même genre de plaque illisible que celle de l’Ancienne comédie. A Londres, Shakespeare, est mieux traité, on lui a reconstruit un théâtre élisabéthain.

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