Le coup d’envoi de la Cour Carrée

Le Louvre de Louis XIII, salles d'histoire, Le Louvre, Paris

Avec Louis XIII, les murailles gothiques du vieux Louvre recommencent à tomber. Fidèle au projet de son père, Henri IV, le jeune souverain reprend l’idée du Grand Dessein du Louvre et entreprend, par le côté Ouest, le quadruplement de la Cour Carrée. 

 

De François 1er à Henri IV, les rois successifs ont conçu, construit et agrandi le Louvre Renaissance, jusqu’à l’étendre au confins des Tuileries. Mais la Cour Carrée, limitée à son quart Sud-Ouest, est toujours engoncée au Nord et à l’Est dans les murailles du château de Charles V. 


C’est ce palais, mi gothique, mi Renaissance, dont hérite le dauphin, en 1610, après l’assassinat de son père. A la mort d’Henri IV, le jeune Louis est dans sa neuvième année. Sa mère, Marie de Médicis assure la régence. 

 

 

> Quittez le Pont des Arts, traversez le quai François Mitterrand.

 

> Puis, en avançant vers le porche Sud du Louvre, observez le jardin sur votre gauche.

 

 

De la régence de Marie de Médicis, le Louvre ne garde que peu de traces : juste l’aménagement d’un jardin, du côté de la Seine, au pied de l’aile des reines et de la petite galerie. 

 Son nom actuel, «jardin de l’infante», ne date pas de Louis XIII, mais de Louis XV : un souvenir de la jeune princesse espagnole que devait épouser le dauphin et qui séjourna quelques mois dans l’appartement de la reine mère, avant d’être réexpédiée dans son pays en 1722.  Donc, aucun rapport avec Anne d’Autriche, une autre infante d’Espagne que Louis XIII, tout juste âgé de 14 ans, épousa à Bordeaux.

 

 

> Franchissez le porche Sud du Louvre, et traversez la Cour Carrée, en direction du bassin central

 

> Asseyez vous sur le bord du bassin, face à l’Ouest (l’aile Sud et la Seine sont sur votre gauche).

 

 

En 1624, sept ans après sa prise de pouvoir par un coup de force contre sa mère, Louis XIII reprend l’idée du Grand Dessein, lancé par Henri IV, son père : relier les palais du Louvre et des Tuileries, des deux côtés. Pour ce faire, une ordonnance royale décrète inconstructibles toutes les terres entre les deux palais.

 

Le Grand Dessein prévoit également le quadruplement de la Cour Carrée. Le Louvre gothique, ses deux murailles à l’Est et au Nord, ses tours, ses fossés malodorants, sont à terme condamnés.  

 

 Exit le gothique, vive le classique!

En 1624, pour lancer la construction d’un pavillon à l’extrémité Nord du Palais Renaissance, c’est à dire à côté de l’escalier Henri II, on détruit la tour de la librairie et la Grande Vis construites par Raymond du Temple sous Charles V. On dégage également une partie de la muraille Nord.


C’est le coup d’envoi de la période classique, directement inspirée de l’antiquité, sous la conduite de l’architecte Jacques Lemercier et du sculpteur Jacques Sarrazin. Le premier est issu d'une famille de maîtres-maçons et d’architectes de l’Oise. Le second, formé à Rome, sera, en 1648, l’un des co-fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture.

 

 

> Observez face à vous, le grand pavillon central de la façade Ouest, reconnaissable à son horloge.

 

 

Principale trace laissée au Louvre par Lemercier et Sarrazin : le Pavillon Sully, appelé encore Pavillon de l’horloge, présente plusieurs innovations majeures : ses trois hautes baies en arc, sa toiture en dôme, prototype de tous les dômes du Louvre (malheureusement alourdi sous Napoléon III), ses quatre groupes de deux cariatides, et, enfin ses frises d’enfant, dont la vitalité contraste avec les sculptures de l’aile Renaissance (à gauche), oeuvres de Jean Goujon.


Le copier-coller de Jacques Lemercier

Enfin, Jacques Lemercier entreprend, sous le règne de Louis XIII, dans le prolongement du Pavillon Sully, la construction d’une nouvelle aile : comme vous pouvez le constater, l'Aile Lemercier reproduit ni plus, ni moins l’aile Renaissance, sa structure, ses proportions, son décor. 

 

A la mort de Louis XIII, en 1643, le quadruplement de la Cour Carrée est entrepris, même s’il subsiste encore à l’Est, c’est à dire du côté de l’entrée principale, tout un pan de muraille gothique.


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