Le palais italien des rois de France

Le Louvre sous Henri III, maquette, salles d'histoire, Le Louvre

Henri II séjourna longuement au Louvre. Henri III son fils en fit sa résidence principale. Avec la Renaissance, le Louvre s’agrandit, s’embellit et devient définitivement le palais des rois de France. Il le restera pendant un siècle.

 Chargé de la réfection du Louvre en 1546, sous le règne de François 1er, Pierre Lescot a poursuivi cette mission jusqu’à sa mort en 1578, sous le règne d’Henri III. On lui doit le corps d’hôtel, si joliment sculpté de la façade Ouest. On lui doit aussi, au Sud de la Cour Carrée, le Pavillon du roi et l’aile des reines.

En 1559, sous Henri II, Lescot s’attaque à l’aile Sud, le long de la Seine. Il fait tomber le vieux corps de bâtiment du château de Charles V. Et entreprend de construire à l’angle Sud-Ouest, un grand édifice pour loger le roi. 

Oubliées les proportions équilibrées du corps d’hôtel de la façade Ouest ! Le Pavillon du roi - prototype de tous les futurs pavillons du Louvre - s'élève sur quatre niveaux. De surcroît, il est doté, au quatrième niveau, de fenêtres de plein cintre : une innovation qui échappe aujourd’hui à notre regard (le Pavillon du roi a été arasé sous Louis XV). 

Rien n’est trop beau, ni trop haut pour le roi. Cependant dans son pavillon, sa chambre se situe toujours à l’étage noble, le premier étage. Elle communique, à l’Ouest, avec le premier étage de l’hôtel Renaissance : la salle des gardes, antichambre obligée pour accéder au monarque.



La reine régnante et la reine mère font aile commune

Au Sud, dans le prolongement du Pavillon du roi, Lescot aménage l’aile des reines. Il n’y a jamais qu’un roi, mais souvent deux reines : la reine régnante et la reine mère. Le rez-de-chaussée est destiné à la reine mère, le premier étage, dans le prolongement de la chambre du roi, est affecté à la reine régnante (et pour cause !). 

 

> Toujours assis sur le banc, dans le quart Sud-Ouest de la Cour carrée, tourrnez-vous vers la gauche (en direction de la Seine). 

> Observez attentivement la façade de l’aile méridionale.

  


L’aile des reines reprend et décline l’architecture de l’aile Ouest (le second étage qui a remplacé l’attique ne date pas du 16ème siècle). Sa construction s’est échelonnée du règne d’Henri II aux règnes successifs de ses trois enfants, les derniers Valois : François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589). 

Retrouvez sur la façade la trace bien visible de ces rois, en repérant les initiales qu’ils ont successivement fait graver : le double K de Charles IX, le croissant de lune d’Henri II, dont on a pu penser qu’il reprenait les initiales de sa maîtresse, Diane de Poitiers...

Une même reine a inauguré et occupé successivement le premier étage et le rez-de-chaussée de l’aile Sud : Catherine de Médicis, fille du prince toscan Laurent II de Médicis, épouse d’Henri II et mère des trois rois suivants : une reine mère dont l’influence n’a cessé de s’affirmer jusqu’à sa mort en 1589 (l’année même de la mort de son fils, Henri III).


Les Tuileries, un palais Renaissance hors les murs

Mais la reine Catherine a préféré au Louvre bien d’autres résidences. En 1564, sous le règne de Charles IX, elle se fait construire, de l’autre côté du mur de Charles V, en pleine campagne, le palais des Tuileries. Lescot n’est pas sollicité. Elle lui préfère Philibert Delorme, qui portera, pour la première fois en France, le titre d’architecte du roi. 

Seulement voilà, Catherine de Médicis, dont on connait l’amitié pour Nostradamus et qui fréquenta astronomes et devins, est superstitieuse. Aussi, en 1574, alertée par un rêve, elle se sent tout à coup en danger dans cette résidence hors les murs que sont Les Tuileries. Dès lors, elle n’eut de cesse d’en partir.

La reine mère s’installe alors à l’hôtel de Soissons : un somptueux hôtel particulier, voisin des Halles, dont on ne conserve qu’une seule trace : une étrange tour à clocheton métallique, aujourd’hui collée à la rotonde de la Bourse du commerce, et qui n’était rien d’autre qu’un observatoire astronomique. 

Même si la Reine mère l’a occupé bien peu de temps, le palais des Tuileries va avoir une influence décisive dans l’histroire du Louvre. Peu de temps après le début de sa construction, sous Charles IX, l’idée d’une jonction entre le Louvre et les Tuileries fait son apparition. 

Une longue galerie, le long de la Seine, à l’image de la galerie construite par les Médicis, le long de l’Arno, à Florence, permettrait en effet de passer, en toute sécurité d’un palais à l’autre, en franchissant l’enceinte de Charles V. Elle offrirait, de surcroît, un somptueux point de vue sur la Seine et la rive gauche. 

 

> Sortez de la Cour Carrée, en franchissant de nouveau le porche Sud, en direction de la Seine.

> Arrêtez vous devant le porche, côté Seine. Et tournez vous vers la droite pour observer le bâtiment perpendiculaire au fleuve.

  

Le premier jalon de ce projet de grande galerie le long de la Seine est posé dès le règne de Charles IX : Philibert Delorme fait alors construire, entre la Seine et le Pavillon du roi, une petite galerie perpendiculaire au fleuve. 

Cette galerie qui fait alterner les pierres noires et blanches, est toujours visible. Elle est, depuis le 17ème siècle, surmontée d’un étage. Mais, à l’origine, elle supportait une simple terrasse, d’où l’on pouvait contempler l’eau et la ville.

Pas de doute, avec les derniers Valois, le palais du Louvre est un lieu où il fait bon vivre. Henri II avait longuement résidé au Louvre, où il tenait conseil. Henri III en fit la résidence principale des rois. Elle l’est restée pendant près d’un siècle, jusqu’au départ de Louis XIV et sa cour pour Versailles, en 1682.

 


 

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