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Montmartre : vue imprenable sur le col de La Chapelle
Soumis par Jean-Louis Marrou le lun, 21/11/2011 - 11:41
Difficile de comprendre Paris, sans avoir à l’esprit ses plaines, ses collines, ses vallées, ses méandres, ses îles et même… ses cols. Voici une petit leçon de topographie parisienne, point de départ d'une longue balade sur la butte Montmartre.
> Grimpez sur la butte, en prenant le grand escalier du square Louise Michel, le square qui se trouve à droite du funiculaire de Montmartre.
> En haut des escaliers, faites une pause à côté de la Fontaine monumentale. Asseyez-vous sur le rebord du bassin.
Vous êtes plein sud. Profitez du soleil. Profitez de l’imprenable vue sur la ville. Laissez votre regard flâner de monument en monument : le marché Saint-Pierre, Beaubourg, Notre Dame, Le Louvre, Saint-Sulpice, L’Opéra, les Invalides, Le Panthéon, Notre Dame, Saint Eustache…
Après avoir volé de monument en monument laissez vos yeux glisser sur la gauche. Voyez, il y a là comme une dépression, un vallée entre la butte Montmartre et les collines des Buttes Chaumont, de Belleville, de Ménilmontant. En réalité cette dépression est un passage, un col.
Face à ce couloir, entre les buttes du Nord de Paris, êtes-vous bien conscient de ce que vous voyez ? Vous avez là, devant vous, un col aussi important dans l’histoire du pays que les cols du Tour de France. Oui, oui, aussi important. Voire beaucoup plus ! Dans ce couloir, dans ce col, se sont installés, depuis des siècles, de grands axes de communication, et plus récemment, les voies ferrées du Nord et de L’Est : jetez un coup d’œil sur la grande verrière de la gare du Nord.
> A présent, pour mieux examiner le fameux passage, grimpez plus haut, au pied du Sacré-cœur.
Voilà, asseyez vous sur les marches du Sacré Cœur. Avec un peu de chance vous aurez dans l’oreille le répertoire international du chanteur mexicain au petit chapeau noir que des centaines de jeunes s’arrêtent pour écouter. Profitez de la musique pour laisser votre regard planer sur la ville.
Voilà un parfait point de vue pour s’imprégner du relief parisien. Les sommets de Montmartre, Belleville et Ménilmontant culminent de 120 à 130 mètres au dessus du niveau de la mer. Ce n’est pas la haute montagne. Mais tout de même, dans des temps lointains, pour les piétons et les convois de charrettes, il s’agissait là de sérieux obstacles. D’où l’importance historique de la dépression entre la Butte Montmartre et la colline de Belleville.
Un axe de première importance
Petite leçon d’orientation. Au Nord de ce col, il y a l’ex-Village de La Chapelle ; plus au Nord encore, Saint-Denis ; au Sud, le centre de Paris et la Seine. Imaginez une ligne droite qui part de l’île de la Cité, qui remonte par le col de la Chapelle et qui pointe vers Saint-Denis. Et gardez bien en tête cette droite.
Tout d’abord, au Sud, l’axe franchit la Seine, à la hauteur de l’Ile de la Cité depuis des temps immémoriaux. Un formidable passage qui a donné naissance à la principale voie de la Lutèce Romaine. Face à la Seine, fleuve qui comme la Loire, ne manquait pas de s’étaler, l’île de la Cité offrait un formidable point d’appui. Mais aussi, de part et d’autre de la Seine, deux petits tertres, ou monceaux, facilitaient le passage : sur la rive gauche, au sud de la Seine, le monceau où est implantée l’église Saint-Séverin ; sur la rive droite, au Nord de la Seine, le monceau sur lequel a été édifiée l’église Saint-Jacques de la Boucherie. Voilà, pour faire court, la grande voie du Sud au Nord, franchissait le fleuve, en prenant appui sur le monceau Saint-Séverin, puis sur l’Ile de la Cité, puis sur le monceau Saint-Jacques.
Ensuite, de manière parfaitement linéaire, cette grande voie de communication s’orientait vers la Col de la Chapelle, entre la butte Montmatre et la butte de Belleville. Enfin, et surtout, en piquant tout droit vers le nord, l’axe frôle le méandre le plus oriental de la Seine…
L'astuce pour éviter les méandres
On évite ainsi plusieurs franchissements du fleuve. Et oui c’est le moyen d’éviter les zigzags de la Seine.
Résumons-nous, si on longe l’axe qui va de Lutèce à Saint-Denis, on utilise l’Ile de la Cité pour franchir la Seine, on passe par le col entre Montmartre et Belleville sans avoir trop à grimper et de surcroît on peut filer vers le Nord, l’Est ou l’Ouest sans avoir à se cogner les nombreux méandres du fleuve…
Petite question subsidiaire
Quelles rues historiques empruntent ce grand axe de communication ? La rue Saint-Denis (avec, dans son prolongement la rue du faubourg Saint-Denis), la rue Saint Martin (prolongée par la rue du faubourg Saint Martin) : la première, la rue Saint-Denis est de tout temps le grand axe parisien vers le Nord ; la seconde, la rue Saint-Martin, est, de tout temps, le grand axe vers l’Est, la Flandre, l’Allemagne… Des axes aussi important au Moyen Age que peuvent l’être aujourd’hui l’autoroute A1 et l’Autoroute A7. Alors, pensez donc, le col de La Chapelle ce n’était pas une petite affaire.
Montmartre 2000 ans d'histoire pas à pas :
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