Paule Mink à Saint-Pierre-de-Montmartre

Eglise Saint Pierre de Montmartre, Paris 18ème

Deux héroïnes de la Commune de Paris, Louise Michel et Paule Mink ont utilisé les églises Saint-Pierre de Montmartre et Saint-Bernard-de-La-Chapelle pour exprimer leurs convictions sociales. L’occasion d’une petite balade du souvenir entre la butte Montmartre et la Goutte d’Or. 


Paule Mink, femme bien éduquée, originaire d’une famille aristocratique polonaise réfugiée à Clermont-Ferrand en 1830, a sans doute été très influencée dans son enfance par les idées du socialisme utopique auxquelles adhérait son père saint-simonien. Pendant la Commune de Paris, cette militante féministe animait, comme Louise Michel, un club révolutionnaire, mais sur la rive gauche, dans l’église Saint-Sulpice. A Montmartre, elle menait une action d’une autre nature : Paule Mink a créé une école gratuite dans l’église Saint-Pierre.


A propos …

Moi qui avais déjà une tendresse toute particulière pour Saint-Pierre-de-Montmartre, je suis aux anges (c’est le cas de le dire). S’il y a un lieu qui vaut le détour, c’est bien celui-là. Si vous continuez la rue Norvins, au delà de la place du Tertre, vous découvrez, face à vous, une petite église de village derrière ses grilles et à côté de son cimetière. Coup de cœur garanti. Tout d’abord, contrairement à son encombrant voisin le Sacré-Cœur, qui est sans grâce et n’incite pas du tout à la méditation, la petite église Saint-Pierre a cette douce austérité romane qui invite à faire une pause et apaise l’esprit.


Une église miraculée

Ensuite, cette église est un des plus anciens repères parisiens. Vous pouvez la voir toute seule, au sommet de sa butte, sur des peintures ou des gravures très anciennes. Et pour cause ! L’abbaye de Montmartre, dont Saint-Pierre était l’église, a été fondée au 12ème siècle par Adélaïde de Savoie (1100-1154), reine de France, épouse du roi Louis VI le Gros (vous pouvez même vous recueillir devant sa pierre tombale, à gauche de la nef.) 

Enfin, cette église est carrément miraculée. Alors qu’il ne reste pas la moindre trace de l’abbaye de Montmartre emportée dans la tourmente de la Révolution française - elle a été vendue comme bien national et démontée pierre par pierre par les carriers -, l’église, elle, est toujours là. Elle doit sa survie à une drôle de particularité : elle était à la fois abbatiale (les abbesses y priaient) et paroissiale (c’était l’église des paroissiens de Montmartre). Résultat : alors que la plupart des églises abbatiales de Paris ont subi la vindicte révolutionnaire - les ordres réguliers passaient pour de sinistre affameurs -, Saint-Pierre de Montmartre a survécu, protégée par ses paroissiens – des paroissiens sans doute révolutionnaires, mais aussi catholiques ou simplement superstitieux !


Une école gratuite pendant la Commune

L'initiative de Paule Mink, pendant la Commune, d’ouvrir une école gratuite dans l’église Saint-Pierre-de-Montmartre renforce le caractère intime, familier et fortement investi du lieu. Moi, je pense que s’il existe un « sacré cœur », il devrait être logé là. L’encombrante basilique d’à côté, trop blanche, trop grosse, orientée Nord-Sud (décidément rien d’authentique !), et de surcroît construite pour restaurer l’ordre catholique après le carnage de La Commune, est tout simplement une imposture. D’ailleurs, il faudra un jour s’interroger sur sa blancheur (due à une pierre de Seine-et-Marne qui dégage du calcin). Il y a un grand blanc là où il y avait beaucoup de rouge, le rouge des quelques 30 000 morts de la Commune, le rouge du sang des communards tombés sur les barricades, sommairement exécutés ou morts en déportation.

 
 
> Pour en savoir plus sur les femmes de la Commune : Le site « Les grandes femmes qui ont fait l’histoire »

> Pou en savoir plus sur la Commune de Paris : Mémoire de Communards exécutés