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Quand Clément chantait La Commune
Soumis par Jean-Louis Marrou le ven, 05/10/2012 - 18:28

Si «Le temps des cerises» est devenu une sorte d’hymne à La Commune de Paris, c’est parce que son auteur, le montmartrois Jean Baptiste Clément, a été associé aux événement parisiens du printemps 1871. Voici une petite balade de la mémoire sur la place consacrée au poète.
Lorsqu’on traîne sur la butte Montmatre, nombre de rengaines populaires, un rien obsédantes, reviennent en mémoire. Il y a bien sûr l’inévitable «Rue Saint Vincent», oeuvre du célèbre Aristide Bruant (1851-1925), l'un des créateurs de la chanson réaliste. Toutefois Bruant, immortalisé par son ami Toulouse Lautrec, n’est pas le plus illustre des chansonniers de la butte, même s'il contribua à la célébrité du cabaret Le Chat Noir (84 boulevard de Rochechouart, à côté de l'actuel Trianon).
Le poète montmartrois le plus chanté dans le monde
Jean Baptiste Clément (1836-1903) est sans conteste le poète Montmartrois le plus fredonné à travers le monde. On lui doit «Le temps des cerises», chanté par Yves Montand et Juliette Gréco - écoutez ici la version de Suzy Delair. On lui doit aussi «Dansons, la capucine», une comptine bien connue des enfants. Et, dans un tout autre registre, «La semaine sanglante», écrite à la mémoire des Communards - écoutez ici la version de Michèle Bernard. Bref, la popularité de ce poète valait bien un lieu de mémoire.
> Pour découvrir la place Jean Baptiste Clément, remontez la rue Saint Eleuthère.
> Puis remontez la rue Norvins jusqu’à son intersection avec la rue Lepic, au delà de la place du Tertre.
> Vous allez déboucher sur la place Jean-Baptiste Clément. Elle est reconnaissable au joli bâtiment qui, depuis la Restauration, abrite un réservoir d'eau.
Non, il n’a jamais été maire !
Ce lieu correspond à l'un des nombreaux endroits où Jean Baptiste Clément vécut à Montmartre. Mais ne vous fiez pas aux indications biographiques mentionnées sur la plaque bleue de la place. Comme le fait observer Bernard Vassor, sur le site terredecrivains.com, ces informations sont erronées. Non, Jean Baptiste Clément n’a jamais été maire de Montmartre. Pour la bonne et simple raison que cette fonction n’existait pas entre le 25 mars et le 28 mai 1871, période de la Commune de Paris.
Par définition, la Commune, mode de gouvernance déjà expérimenté à Paris sous la Révolution Française, se définissait comme une forme de démocratie directe, exercée par des délégués du peuple, élus de leurs quartiers. Jean Baptiste Clément fut l’un des 92 membres du Conseil de la Commune, élus le 26 mars 1871. A ce titre, il siégea successivement dans plusieurs des commissions spécialisées qui avaient en charge l’administration de la ville : Services publics, Enseignement...
Un militant révolutionnaire
Tout poète qu’il était, Clément avait la fibre militante. Ce révolutionnaire, membre du Parti socialiste ouvrier révolutionnaire, s’était engagé très jeune contre le Second Empire. Fils d’un riche meunier de Montfermeil, il s’était rapidement émancipé de sa famille, en occupant divers emplois d’ouvrier. Et n’avait pas tardé à écrire dans des journaux socialistes, comme «Le cri du peuple» de Jules Vallès. Ce qui lui avait valu, tour à tour, l’exil et l’emprisonnement.
Clément fut-il un héros de la Commune, comme le dit la plaque bleue ? Sans aucun doute. Il a combattu sur les barricades jusqu’au 28 mai 1871, avant de s’exiler à Londres pendant 8 ans pour échapper à la peine de mort.
Du coup, l’oeuvre du poète fut étroitement associée à La Commune de Paris. Tout particulièrement «Le temps des cerises», devenu une sorte d’hymne pour les militants socialistes. On pourrait objecter que cette chanson d’amour, écrite au cours d’un exil en Belgique, est antérieure aux événements parisiens du printemps 1871. Seulement voilà, Clément l’a dédiée ultérieurement à une héroïque ambulancière rencontrée sur les barricades, le 28 mai 1871.
Montmartre 2000 ans d'histoire
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