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Découvrez comment, au 14ème siècle, le célèbre prévôt des marchands, Etienne Marcel, s'est retrouvé à la tête d'une insurrection populaire. Cette nouvelle balade inaugure le cycle consacré aux grandes rébellions qui ont construit la capitale contre l'ordre monarchique.
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Rue de la Bûcherie : le fantôme du premier CHU (Centre hospitalo universitaire)
Soumis par Jean-Louis Marrou le mar, 11/12/2012 - 18:34
L’école de médecine n’est pas née rue de l’Ecole de médecine. L’Hôtel Dieu n’a pas toujours été à la gauche de Notre Dame. Les deux institutions médicales sont nées l’une à côté l’autre. Seul nous reste leur fantôme entre la rue de la Bûcherie et le quai de Montebello. Pour découvrir l'histoire de la première école de médecine et de l'Hôtel Dieu, rendez vous au 13 rue de la Bûcherie et téléchargez ici l'audio guide de la balade.
Chers amis de « Ça vaut le détour », vous le savez, Paris nous joue souvent des tours. Dans cette ville, tout ce que l’on tient pour stable l’est rarement, tout ce que l’on croit évident est un leurre ! Ainsi pensez-vous peut-être, comme je l’ai cru longtemps, que l’Ecole de médecine a été créée rue de l’Ecole de Médecine, près de l’Odéon. Peut-être pensez-vous que l’Hôtel Dieu, le plus ancien hôpital de Paris, se dresse, depuis des siècles, à gauche de Notre Dame. Et bien, chers amis , il va falloir tordre le cou à ces évidences. Il en va de la médecine comme du reste : à Paris, tout bouge et tout se transforme.
Rendez-vous rue de la Bûcherie
Vous en voulez une nouvelle preuve ? Je vous invite à vous rendre dans le cinquième arrondissement, entre la cathédrale Notre-Dame et l’église Saint-Julien-le-Pauvre. Rendez-vous dans ce qui reste de la rue de la Bûcherie, une petite rue parallèle à la Seine qui prend dans la rue Lagrange (ex rue du Fouarre), en face du square Viviani (derrière l’église Saint-Julien-le-pauvre).
Quand vous descendrez la rue de la Bûcherie, vous allez découvrir, à la hauteur des numéros 13 et 15, un splendide bâtiment classique, un bâtiment injustement méconnu. Cette harmonieuse architecture est la trace bien visible de la plus ancienne école de médecine de Paris : admirez notamment la belle coupole du 18ème siècle, sous laquelle se cache l’amphithéâtre.
Ici pendant des siècles, les médecins ont appris leur art et prêté serment. C’est en 1472, sous le règne de Louis XI, que la faculté de médecine emménagea à l’angle de la rue de la Bûcherie et de la rue de l’Hôtel-Colbert (celle-ci s’appelait alors rue des Rats, comme le précise l’excellent Dictionnaire historique des rues de Paris).
Des moines, des clercs et des médecins
Mais pourquoi donc avoir choisi ce quartier pour enseigner la médecine ? Première raison : au Moyen-Age, ce coin de Paris est le lieu des grandes institutions religieuses : Saint-Bernard, Saint-Victor, Saint-Geneviève… Or, les premiers médecins furent des moines. Et, jusqu’au 12ème siècle, on enseignait la médecine dans les cloîtres. Souvenons, ensuite, que nous sommes ici dans le quartier où est s’est constituée l’Université de Paris. Donc, très logiquement, lorsqu’au 12 ème siècle une ordonnance papale interdit l’enseignement de la médecine dans le cadre de l’église, des écoles se créent dans l’environnement immédiat de l’université. Et dès le Au 14ème et au 15 ème siècle, on peut assister à des cours de médecine, en plein air - une habitude de l’époque - dans la rue du Fouarre (à deux pas de la rue de la Bûcherie),
Il faut également se rappeler que ce quartier est celui où est installé depuis le Moyen-Age, sous l’autorité des chanoines de la cathédrale, l’une des premières institutions hospitalières de Paris, l’Hôtel Dieu. Nous y voilà ! Ce quartier est en quelque sorte l’embryon du premier CHU (Centre hospitalo universitaire) parisien, avec son hôpital et son école. Pendant des siècles, la rue de la Bûcherie qui serpentait gentiment de la place Maubert jusqu’au Petit-Châtelet (forteresse qui protégeait le Petit Pont) longeait successivement l’école de médecine et une annexe de l’Hôtel Dieu.
Une rue virtuelle
Remontons la rue de la Bûcherie. Traversons la rue Lagrange. Longeons le square Viviani, sur le quai de Montebello, dans la direction du Petit Pont. Après le square, on traverse la charmante rue Saint-Julien-le-Pauvre. Et, là que ne découvre-t-on pas ! A la hauteur de la librairie Shakespeare and Co, la rue de la Bûcherie se remet à exister virtuellement entre une rangée d’immeubles et un massif de plantes aménagé par les jardiniers de la ville pour protéger les piétons de la circulation du quai de Montebello.
Ce tracé virtuel de la rue de la Bûcherie, qui a permis aux restaurants d’étaler leurs terrasses à l’abri du trafic, provient de la destruction en 1878 d’un énorme bâtiment qui longeait la Seine. Ce bâtiment n’était rien d’autre que l’annexe de l’Hôtel Dieu ! Mais comment expliquer que l’Hôtel Dieu, aujourd’hui, sur la rive gauche de l’île de la Cité, à plusieurs centaines de mètres, ait eu une annexe de ce côté-ci de la rivière ?
Allez jusqu’au bout de la rue de la Bûcherie, remontez la rue du Petit-Pont sur la droite et arrêtez-vous au milieu du Petit Pont. Vous y êtes ? Jetez un coup d’œil à droite et à gauche sur l’axe qui enjambe le pont et l’île de la Cité. Vous voici dans la plus ancienne perspective parisienne, l’axe Nord-Sud de la ville romaine, le cardo maximo. Cet axe a donné naissance au Moyen-Age à la rue Saint Martin, au Nord de l’Ile de la Cité et à la rue Saint-Jacques, au Sud de l’île. C’est la colonne vertébrale de la ville et un incomparable lieu de mémoire.
Ici passaient, au Moyen-Age, les pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans les environs, plusieurs institutions hospitalières, dont celle de Saint-Julien-le-pauvre, pouvaient les héberger. Ici prend sens le vieux mot « hospital » : un lieu d’accueil et un lieu de soins, placé sous la protection de Dieu et des religieux. Ce qui nous ramène à notre sujet initial.
Accueillir, protéger, soigner
Au départ, les premiers Hôtels Dieu - apparus en France au 7ème siècle - servent à accueillir voyageurs et pèlerins. Puis, peu à peu, ils hébergent et soignent toutes les personnes en état de faiblesse : pauvres, malades, vieillards… Ils ont une fonction d’accueil, de protection, de soin, mais aussi d’évangélisation. Ainsi l’Hôtel Dieu de Paris, placé sous l’autorité de l’évêque, a-t-il été créé (sous les mérovingiens, puis reconstruit par Saint-Louis), à l’ombre de la cathédrale. Il compte au 13ème siècle pas moins d’une centaine de religieux et de religieuses. On y est accuilli et soigné au beau milieu des patenôtres et des vapeurs d’encens, ce qui n’empêche pas de s’y contaminer tout à loisir et d’y mourir dans un cas sur cinq…
Mais ceci ne nous dit toujours pas pourquoi une annexe de l’Hôtel Dieu a été construite au 17ème siècle entre la rue de la Bûcherie et la rivière. Il y a bien sûr des raisons pratiques d’urbanisme. Depuis le Moyen-Age, il existait en face de Notre-Dame, sur la berge, à l’emplacement de l’actuel quai de Montebello, un important port destiné à la réception du bois de chauffage et du bois de construction (cette activité a d’ailleurs donné son nom à la rue de la Bûcherie). Au 16ème siècle, après que se fussent développer les techniques de flottage du bois, le déplacement de ce port, plus en amont du fleuve, du côté de l’île Louviers (Sully-Morland), dégagea de l’espace. Mais pourquoi donc bâtir précisément à cet endroit, une annexe de l’Hôtel Dieu ?
Un hôpital fantôme
Tout en restant sur le Petit-Pont, placez-vous face à Notre-Dame et observez l’étroit chenal dans lequel coule la Seine, entre la rive gauche et l’île de la Cité, du Petit-Pont au pont au Double. Vous ne remarquez rien ? Vous ne trouvez-vous pas que ce bassin entre ses grands murs de pierre a un côté austère, voire même artificiel ? Et pour cause ! Les bâtiments qui encadraient la Seine ont purement et simplement disparu.
Comme nous l’avons déjà dit, jusqu’en 1878, sur la rive gauche, entre la rue de la Bûcherie et la berge, un grand bâtiment construit au tout début du 17ème siècle, sous le règne d’Henri IV, servait d’annexe à l’Hôtel Dieu. On y accueillait les malades dans la salle Saint-Charles, puis, à partir du 18ème siècle, dans une extension, la salle Saint-Antoine qui jouxtait le Petit Châtelet. Et, face à lui, juste de l’autre côté de la rivière se dressait, depuis le Moyen-Age, l’Hôtel Dieu. Autrement dit, à l’origine, l’Hôtel Dieu se situait sur, sur la droite de la cathédrale Notre Dame et non sur sa gauche comme c’est le cas aujourd'hui (et depuis le Second Empire). Du 12ème siècle jusqu’à la fin du 19ème siècle, sur 120 mètres de long, les cinq salles, les trois chapelles et le réfectoire de l’Hôtel Dieu se dressaient sur la rive gauche de l’île de la Cité, entre la cathédrale et le Petit-Pont. Ainsi, la rivière coulait-elle entre les hauts murs du premier grand hôpital parisien.
Un double sou pour traverser la rivière
Quittons le Petit-Pont, revenons vers le quai de Montebello, sur la rive gauche de la Seine. Longeons le quai en direction de la cathédrale, jusqu’au pont suivant, le pont au Double. Arrêtons-nous quelques instants sur ce pont. A partir du 17ème siècle, époque où l’Hôtel Dieu s’étend de part et d’autre de la rivière, le pont au Double faisait ni plus ni moins partie de l’Hôtel Dieu, dont il reliait les bâtiments. Il s’agissait d’un pont couvert, à usage interne, doté d’une salle d’accueil pour les malades, la salle Saint-Cosme. Bref, un pont fermé.
Toutefois un passage, aménagé sur le côté du pont, permettait à tout un chacun de franchir la Seine, à condition de payer un double sou : c’est ce qui a valu au pont son nom de pont au Double. Plus tard, au milieu du 17ème siècle, un autre, le pont Saint-Charles, fut édifié entre l’Hôtel Dieu et son annexe, à mi-chemin entre le Petit-Pont et le pont au Double.
Finalement, après une longue série d’incendies, de reconstructions, d’extensions, de rénovations, l’Hôtel Dieu - rebaptisé Maison de l’Humanité sous la Révolution - fut définitivement démoli en 1878, et transféré dans ses nouveaux bâtiments de l’autre côté de la cathédrale.
Mémoire du quartier Notre Dame
Chers amis de «Ça vaut le détour », pour conclure cette histoire du premier « CHU » de Paris, je vous invite à vous rendre sous le parvis de Notre-Dame, dans la Crypte archéologique. Vous y découvrirez - tout de suite après la caisse, dans une vitrine sur votre droite - une merveilleuse maquette en bois du parvis de Notre-Dame à la fin du règne de Louis XV. Ainsi pourrez-vous toutà loisir explorer le vieil Hôtel Dieu, de part et d’autre de la Seine, avec ses annexes et ses ponts.
Profitez en également pour découvrir tout un quartier dont le plan hérité du Moyen-Age a été irrémédiablement détruit par la mégalomanie du Second Empire : c’est sans doute le plus grave dégât collatéral de la reconstruction haussmannienne !