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Sur les lieux présumés du martyre
Soumis par Jean-Louis Marrou le sam, 06/10/2012 - 19:19

Rien ne prouve que la crypte, au numéro 11 de la rue Yvonne Le Tac, corresponde à l’emplacement du martyre de Saint Denis. Ce dont on est sûr c’est que le haut de la rue des Martyrs a été un important lieu de pèlerinage depuis le Moyen-âge. On y croisa des rois, des reines et des personnages de premier plan.
> Remontez la rue Houdon, tournez à droite dans la rue des Abbesses, puis remontez la jusqu’à la rue des Martyrs.
> Tournez à gauche dans la rue des Martyrs, puis remontez la jusqu’à la rue Yvonne Le Tac.
> Tournez à droite dans la rue Yvonne Le Tac, puis remontez la jusqu’au numéro 11.
Retour aux origines de Montmartre. En remontant vers la rue des Martyrs, vous allez vous remettre dans les pas de Saint Denis, missionnaire romain venu, au 3ème siècle, convertir les parisiens au christianisme. Le nom même de la rue des Martyrs fait référence au martyre de Denis et de ses compagnons Rustique et Eleuthère (relire notre article, «Golgotha sur Seine»).
Nous sommes, ici, depuis le Haut Moyen-Age dans un lieu saint, un lieu de pèlerinage, à l’endroit même où l’on enterra, dit-on, les premiers chrétiens et où se dressait la chapelle du martyre. Mais où se trouvait précisément ce fameux «Martyrium» ?
Une crypte du 19ème siècle
Avant d’être annexé au collège Yvonne Le Tac, le bâtiment qui se dresse devant vous, abritait une institution religieuse, la Fondation des soeurs auxiliatrices du purgatoire, fondée en 1856. Son style très particulier témoigne de sa vocation d’origine. Et d’ailleurs, il n’attirerait pas particulièrement l’attention, si un panneau d’information de la ville de Paris n’indiquait qu’il s’agit du lieu présumé du Martyrium.
Sans doute allez-vous, comme tant d’autres, vous casser le nez. La crypte du martyre n’est accessible que le vendredi à partir de 15 heures. Mais ne soyez pas déçu. D’une part, le lieu n’a rien d’exceptionnel. D’autre part, rien ne certifie qu’il s’agit du Martyrium.
Un ancien lieu de pèlerinage
Dans cette affaire, la seule chose dont on soit à peu près certain c’est qu’il existait au 12ème siècle, dans les parages, une chapelle dédiée à Saint Denis. Il en est fait mention dans l’acte de vente qui permit, en 1133, au roi Louis VI de récupérer des terres auprès des moines de l'abbaye de Saint-Martin-des-champs pour fonder l’abbaye royale de Montmartre.
On sait aussi que de nombreux personnages illustres, de passage à Paris, se rendirent à la chapelle du martyre : notamment Jeanne d’Arc et Ignace de Loyola. On dit même que ce dernier et ses compagnons y firent, en 1534, le voeu de fonder la Compagnie de Jésus.
De relance en relance
Les épisodes suivants sont moins convaincants. Comme on s’en souvient, au 17ème siècle, en voulant restaurer la chapelle dédiée à Saint Denis, les bénédictines de Montmartre mirent à jour une crypte. Cet événement fit grand bruit. La régente Marie de Médicis se déplaça sur les lieux avec la cour. Puis, les Parisiens y firent pèlerinage en grand nombre. Enfin, les bénédictines de Montmartre créèrent sur la crypte une nouvelle église et, à proximité, une deuxième abbaye (relire notre article "Un prieuré peut en cacher un autre").
On connait la suite. A la fin du 18ème siècle, la crypte, l’église et l’abbaye disparurent dans la tourmente révolutionnaire. Elles furent vendues comme biens nationaux et exploitées comme carrières. Ce qui explique leur totale disparition.
Ce n’est qu’en 1854, sous le Second Empire, qu’un père jésuite prétendit avoir retrouvé l’emplacement du Martyrium. Un chapelle fut créée, le pèlerinage relancé, et, deux ans plus tard, les soeurs auxiliatrices, un ordre qui se réclame de la spiritualité d'Ignace de Loyola (fondateur de la Compagnie de Jésus) s’installèrent sur les lieux. Finalement, en 1982, lorsque leurs anciens locaux furent achetés par la ville et annexés au collège Yvonne Le Tac, l’animation de la crypte fut confiée à une Association du Martyrium, créée à cet effet.
Montmartre 2000 ans d'histoire
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