Un joyau de la Renaissance

La façade Renaissance de Pierre Lescot et Jean Goujon, Cour Carrée du Louvre, Paris

François 1er ne verra pas le palais de ses rêves. Le Louvre de la Renaissance sortira de terre sous le règne de son fils, Henri II. Cette petite merveille, signée Pierre Lescot, nous est parvenue intact. Prenons le temps de l’admirer.

 

C’est à Pierre Lescot, que revient, en 1546, la mission de faire construire au Louvre un corps d’hôtel Renaissance. Fils d’un prévôt des marchands, cet intellectuel, ami de Ronsard, a déjà eu, à 36 ans, tout loisir d’exercer ses talents de peintre et d’architecte. 

Pierre Lescot a notamment restauré le jubé de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois en compagnie du sculpteur Jean Goujon. C’est ce même tandem qui va s’attaquer à la rénovation du Louvre. 

François 1er meurt en 1547, un an après avoir sollicité Lescot. Henri II, son fils, ne remet en cause ni l’architecte, ni sa mission. L’aile Ouest du Louvre gothique est rasée. A son emplacement, on édifie le corps d’hôtel Renaissance.

 

> Vous êtes toujours dans le quart Sud-Ouest de la Cour Carrée. Le porche Sud et la Seine sont sur votre gauche.  

> Approchez-vous de l’aile Ouest qui vous fait face.

> Pour plus de commodité, asseyez-vous sur le grand banc en pierre, juste au pied de l’aile Ouest, et observez attentivement la belle façade sculptée qui se dresse devant vous.

 

 

L’hôtel Renaissance, voulu par François 1er, et achevé par Lescot sous Henri II, est là, devant vous. Ce petit bijou d’architecture, qui a réussi à traverser le temps, mérite toute votre attention, même s’il ne représente, en définitive qu’un petit quart de la Cour Carrée et si les bâtiments voisins ont hélas tendance à l’écraser.

Prenez le temps d’admirer le décor sculpté de la façade. Oeuvre de Jean Goujon, il constitue une première dans l’histoire du Louvre. Inspiré de scènes mythologiques de l’antiquité, il a pour fonction de créer un lien entre le monde terrestre, le monde céleste et, plus largement le monde des idées. 

Ainsi, la façade du palais royal rappelle-t-elle que le monarque est représentant de Dieu sur terre, mais aussi que ce souverain de la Renaissance est le protecteur des arts et des sciences. Henri II a une bonne raison de se prêter à cette somptueuse mise en scène. Il est le premier souverain à résider longuement au Louvre. Il y tient conseil et il y dirige le royaume.



Un seul étage noble, le premier

Admirez maintenant la proportion de l’édifice et l’ordonnancement de ses étages. Ils vont durablement marqué l’histoire de l’architecture. Comme dans tous les hôtels particuliers et les palais qui succéderont, le premier étage est l’étage noble. Il est l’étage unique. On le réserve au maître des lieux, en l’occurrence le monarque lui-même.  

Au dessus de l’étage royal, il n’y a rien d’autre que l’attique Directement situé sous le toit au «comble recoupé» - une autre innovation de l’époque -, ce demi étage est destiné aux subalternes. Et non aux serviteurs ! C’est là que résideront, plus tard, les Richelieu, Mazarin et autre Colbert.

D’autres splendides réalisations du palais Renaissance se laissent deviner derrière la façade : au rez de chaussée, une salle de réception occupe toute la superficie, la salle des Cariatides ; et derrière l’avant-corps, à la droite du palais, un escalier monumental au plafond entièrement sculpté dessert les deux étages. On l’appelle communément l’escalier Henri II.



L'un des premiers escaliers droit

Dès l’origine, s’inspirant des palais italiens, Pierre Lescot imagine de doter le corps d’hôtel Renaissance d’un escalier droit. C’est, à l’époque, une innovation majeure. Elle a toutefois un inconvénient : les escaliers droits ont un encombrement plus important que les escaliers à vis. Ici, l’escalier Henri II occupe toute la largeur du bâtiment et  a nécessité la création d’un avant-corps. 

 En 1546, Pierre Lescot avait imaginé de construire l'escalier et son avant-corps au centre du Palais. Trois ans plus tard, Henri II remet en cause le projet et fait démolir ce qui vient à peine d’être édifié. Son idée ? Déporter l’escalier sur la droite du bâtiment, afin de pouvoir aménager au rez-de-chaussée, une grande salle de réception sur toute la superficie du bâtiment. C’est la fameuse "Salle des Cariatides», qui doit son nom aux sculptures monumentales qui soutiennent la tribune des musiciens. Là, seront célébrés de somptueux mariages : François II et Marie Stuart, Henri de Navarre (futur Henri IV) et Marguerite de France (la reine Margot, fille d’Henri II).

 
Le Louvre, 810 ans d'histoire pas à pas