Un palais royal peut en cacher un autre

Avec la Fronde, le jeune Louis XIV déserta le Louvre pour un palais voisin somptueux et flambant neuf. Et celui-ci vola pour toujours au vieux château des rois de France sa royale appellation. Mais, le Louvre ne tarda pas à retrouver la faveur du prince, avec le faste qui convenait à son ambition.

 

A Paris, vous le savez, les mots et les choses ne coïncident pas toujours. Ainsi, le grand et beau jardin que les Parisiens nomment aujourd’hui «Palais-Royal», ne fut royal qu’un temps très court. Dix ans à peine, juste après la mort de Louis XIII, en 1643. 


Un an plus tôt, à la mort de Richelieu, le somptueux hôtel particulier que le cardinal venait de se faire construire au ras du mur de Charles V et à proximité du Louvre, revint au roi. Juste retour des choses. L’enrichissement du cardinal de Richelieu, principal ministre de Louis XIII, devait tout à la faveur royale.  


Après la mort de Louis XIII, sa veuve Anne d’Autriche, alors régente, s’installa dans l’ex-Palais-Cardinal, trop contente d’échapper au Louvre et à ses intrigues. 


Le Royaume était alors agité - et pour de longues années - par la Fronde, c’est à dire la contestation ouverte du pouvoir royal par les vassaux les plus puissants. Cette longue période insurrectionnelle obligea le jeune roi - il n’a que quatre ans en 1643 - et sa mère, la régente, à fuir Paris. Elle les éloigna du Louvre jusqu’en 1652.

 

> Toujours assis sur le rebord du bassin, au centre de la Cour Carrée, laissez votre regard flâner, à gauche, sur le palais Renaissance et son retour du côté Sud (c’est à dire côté Seine).

  

Lorsque Louis XIV (1638-1715), âgé de 14 ans et déclaré majeur un an plus tôt, réintégra le vieux palais des rois de France, il fallut en toute hâte le réorganiser. Le jeune monarque reprit possession de ses appartements dans le Pavillon du Roi. 


On installa Mazarin, le principal ministre de la régence auquel le roi laissait encore le pouvoir, dans l’attique du palais Renaissance, en compagnie de ses nièces. Quant à la régente, Anne d’Autriche,  elle reprit possession, au rez-de-chaussée de l’aile Sud, des appartements dévolus à la reine mère.


L'équipe de Vaux-le-Vicomte en action

Pendant cette période de transition, où le le jeune Louis n’exerçait pas encore le pouvoir, Louis Le Vau, son architecte en titre, procéda aux premiers ré-aménagements de la maison royale. On installa notamment la salle du conseil dans l’aile Lemercier, tout juste achevée. 

 

La Régente ne fut évidemment pas oubliée ! Entre 1655 et 1658, Le Vau créa pour Anne-d’Autriche de somptueux appartements d’été dans le rez-de-chaussée de la petite galerie. 


Outre les pièces de réception, aux plafonds richement décorés par le peintre Charles Le Brun, la reine mère y disposait à côté de sa chambre, d’un petit cabinet donnant directement sur la rivière.


L’architecte s’attaqua ensuite au réaménagement des appartements royaux et à leur desserte. Ils furent réunis à la petite galerie par une rotonde, inspirée du château que Le Vau avait fait construire quelques années plus tôt à Vaux-Le-Vicomte pour le surintendant Nicolas FouquetCette élégante rotonde donne toujours accès au rez-de-chaussée aux appartements d’été de la reine mère et au premier étage à la galerie d’Apollon (ex-petite galerie). 


En fait, la même équipe que celle de Vaux-le-Vicomte, participait alors à la rénovation du Louvre : l’architecte Louis Le Vau, le peintre et décorateur, Charles Le Brun, le jardinier et paysagiste André Le Nôtre

Cette équipe contribua brillamment à assoir le pouvoir du nouveau monarque, en lui créant un style. Quitte à en déposséder Nicolas Fouquet que Louis XIV allait  expédier, en 1661, dans les oubliettes de Pignerol (une puissante forteresse du Pièmont).


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